dimanche 25 septembre 2011

Symbole de la beauté du monde


Merveilleuses baleines à bosse

de Polynésie française


Chaque année, de juin à novembre, les baleines à bosse viennent séjourner depuis toujours dans les eaux polynésiennes, devenues un sanctuaire.
Il fait beau sur Tahiti ce matin. Un vent d’Est vif et frais soulève une houle courte mais violente sur le Pacifique. Cependant pas de quoi nous empêcher d’embarquer avec Michel Fayadat pour quelques heures de pur bonheur à la rencontre des baleines à bosse
La rencontre avec les cétacés est un moment unique d’intense émotion que rien ne saurait vraiment décrire.
Aujourd’hui, nous avons le bonheur de contempler les ébats d’une mère et de son petit, accompagnés (chose très rare) d’un mâle en quête d’une compagne. Un peu plus tard, nous croisons la route d’une autre baleine accompagnée de son rejeton…

Un instant d'une émotion intense et unique entre Tahiti et Moorea

Les baleines à bosse en Polynésie

Chaque année, depuis des temps immémoriaux, les baleines à bosse viennent se réfugier dans les eaux polynésiennes afin d’y mettre leur petit au monde, loin de la nuit glaciale des eaux antarctiques.
Ainsi, de juin à novembre, il est possible de contempler ces fabuleux mammifères tout près des barrières de corail. Si l’archipel des Marquises est le seul à être délaissé par les baleines, il est possible de les rencontrer dans les quatre autres. Toutefois, curieusement, la zone la plus fréquentée par les cétacés est celle qui entoure les îles sœurs de Tahiti et Moorea, soit celle qui est la plus habitée et où circulent le plus d’embarcations de toutes sortes.
La baleine à bosse est un animal qui ne change pas facilement ses habitudes. Ainsi, chaque année, elle revient dans ces mêmes eaux où elle est née pour y mettre au monde son petit et lui permettre de grandir et grossir avant de retourner se nourrir à proximité de l’Antarctique. Et lui-même reviendra inlassablement au même endroit, chaque année, durant toute sa longue vie de baleine.

Une baleine et son baleineau entre Tahiti et Moorea
On estime actuellement à un millier le nombre de baleines ayant élu la Polynésie française comme lieu de villégiature.

Les raisons de la migration des baleines à bosse

Si la baleine à bosse vit essentiellement dans les eaux glaciales de l’océan Austral, c’est qu’elle y trouve sa nourriture : le krill.
Le krill (euphasia superba) est une petite crevette des eaux froides qui constitue l’essentiel de l’alimentation de nos baleines. Pour la petite histoire, il faut savoir que pour grossir d’un kilo, notre cétacé doit avaler cent kilos de sa crevette préférée !
Lorsque la zone antarctique entre dans sa longue période d’obscurité, la densité de krill diminue considérablement et la baleine n’y trouve plus de quoi satisfaire son appétit.

Le minuscule krill, aliment de base des baleines à bosse
Dès lors, elle rejoint les eaux plus chaudes du Pacifique Sud où sa dépense énergétique est beaucoup moins importante.
Elle profite du voyage pour donner naissance au petit qu’elle porte durant une longue gestation de onze mois et demi et, lorsqu’il est temps pour elle de le faire, d’en concevoir un autre…
Durant les quatre ou cinq mois que dure son séjour dans les eaux chaudes, la baleine à bosse ne se nourrit pratiquement plus.

Protéger les baleines : un immense défi

Ce n’est que le 13 mai 2002 que l’assemblée de Polynésie a voté un texte faisant des eaux polynésiennes un sanctuaire pour les baleines à bosse et autres mammifères marins.
Ce point essentiel du « Code de l’environnement en Polynésie française » (art. A 121-3), s’il faut d’évidence le saluer, s’avère, hélas, bien difficile à faire respecter.
Territoire français comprenant cent dix huit îles, la Polynésie française représente la plus vaste zone maritime exclusive de la région. Si la surveillance du territoire fait partie des compétences régaliennes de l’état français, il s’agit là d’une tâche impossible à remplir par manque de volonté politique, et donc des moyens nécessaires pour la mener à bien.
Cette situation est connue de tous et nombre d’animaux marins protégés, des requins aux baleines, continuent de remplir les cales de navires (chinois et japonais pour l’essentiel) venant, en toute illégalité, pêcher des espèces protégées dans les eaux polynésiennes. Les autorités locales n’ayant absolument pas les moyens de faire respecter la loi.
Outre les problèmes de pollution tout aussi préoccupants en Polynésie qu’ailleurs, et peut-être même plus compte tenu de la fragilité des écosystèmes insulaires, l’autre grande menace qui pèse sur les baleines à bosse est l’intérêt qu’elles suscitent, tant auprès des populations locales que des touristes. Ces derniers payant parfois très cher le droit d’approcher de près les cétacés.
Les activités d’approche des baleines et autres mammifères marins sont, elles aussi, très réglementées (Art. A 121-35 à 121-43 du code de l’environnement). Hélas, bien des gens ne respectent en rien ces règles pourtant de simple bon sens, à commencer par un certain nombre de ceux qui louent leurs services et leurs bateaux pour emmener curieux et touristes contempler les baleines.
Combien de temps encore pourront nous les contempler ainsi ?...
Est-ce seulement par manque de moyens que les forces de l’ordre ne sont jamais présentes pour faire respecter ces règles pourtant souvent de simple bons sens ? Cette absence de moyens ne cache-t-elle pas une cruelle absence de volonté et de courage politique ?
La question est bel et bien posée, et l’avenir des baleines à bosse en dépend.

Mes plus chaleureux remerciements à Michel Fayadat (Easy boat) pour sa gentillesse, sa compétence et son respectueux amour des baleines à bosse. http://fr-fr.facebook.com/pages/Papeete-French-Polynesia/Easy-Boat-Tahiti/190594665826?ref=ts

1 commentaire:

EFFEMMERIDE MoniQ a dit…

Jacques Prévert, La pêche à la baleine

À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d'une voix courroucée
À son fils Prosper, sous l'armoire allongé,
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc?
Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête
Qui ne m'a rien fait, papa,
Va la pêpé, va la pêcher toi-même,
Puisque ça te plaît,
J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère
Et le cousin Gaston.
Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est allé
Sur la mer démontée...
Voilà le père sur la mer,
Voilà le fils à la maison,
Voilà la baleine en colère,
Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière,
La soupière au bouillon.
La mer était mauvaise,
La soupe était bonne.
Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole :
À la pêche à la baleine, je ne suis pas allé,
Et pourquoi donc que j'y ai pas été?
Peut-être qu'on l'aurait attrapée,
Alors j'aurais pu en manger.
Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau,
Le père apparaît hors d'haleine,
Tenant la baleine sur son dos.
Il jette l'animal sur la table, une belle baleine aux yeux bleus,
Une bête comme on en voit peu,
Et dit d'une voix lamentable :
Dépêchez-vous de la dépecer,
J'ai faim, j'ai soif, je veux manger.
Mais voilà Prosper qui se lève,
Regardant son père dans le blanc des yeux,
Dans le blanc des yeux bleus de son père,
Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :
Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m'a rien fait?
Tant pis, j'abandonne ma part.
Puis il jette le couteau par terre,
Mais la baleine s'en empare, et se précipitant sur le père
Elle le transperce de père en part.
Ah, ah, dit le cousin Gaston,
On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.
Et voilà
Voilà Prosper qui prépare les faire-part,
La mère qui prend le deuil de son pauvre mari
Et la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer détruit.
Soudain elle s'écrie :
Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile,
Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godille
Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille.
Alors, éclatant d'un rire inquiétant,
Elle se dirige vers la porte et dit
À la veuve en passant :
Madame, si quelqu'un vient me demander,
Soyez aimable et répondez :
La baleine est sortie,
Asseyez-vous,
Attendez là,
Dans une quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...

Jacques Prévert, Paroles