Douceurs dominicales du paradis polynésien
En
Polynésie, le dimanche, temples et églises sont pleins d'une foule bigarrée
dont la journée est consacrée au culte et aux plaisirs simples de la famille.
Les premières
lueurs du jour diluent lentement les stigmates de la nuit. Robes provocantes,
strass, paillettes et maquillages outranciers laissent progressivement la place
aux robes missionnaires, paréos colorés, costumes sombres et chapeaux de toutes
sortes. Nous sommes dimanche, il est quatre heures du matin, le marché de Papeete
vient d’ouvrir ses portes.
Les premières lueurs de l'aube et déjà la foule au marché de Papeete |
A Papeete, le dimanche commence au marché
Les couleurs
flamboyantes des étals des maraîchers se disputent les regards avec ceux des
poissonniers. Caramboles et corossols font de l’œil aux carangues et autres
mahi-mahi alors qu’un peu plus loin, les étals des bouchers se disputent les
chalands avec ceux des traiteurs chinois ou polynésiens.
A l’autre bout
du bâtiment, c’est le délirant mélange des odeurs et des couleurs des
nombreuses fleuristes qui nous fait tourner la tête. Ivresse presque aussi
entêtante que celle que nous offre un quatuor déchaîné de ukulele très kaina.
Pénétrer dans cette partie du marché, c’est un peu comme remonter dans le
temps. Vêtues de pareo savamment noués, la tête couronnée de fleurs de tiare ou
d’hibiscus, d’opulentes mama aux sourires éclatants dansent et chantent aux
milieux de ce feu d’artifice de fleurs insensées.
Juste à côté de
ce jardin des délices, ce sont les artisans de toutes sortes qui nous présentent
leur travail : bijoux de coquillages parsemés d’inévitables autant
qu’improbables perles noires des Tuamotu côtoient les sculptures marquisiennes,
les merveilleux chapeaux et autres paniers en vannerie des Australes, pareo
multicolores peints à la main… On ne sait plus où poser les yeux dans
cet incroyable fouillis…
Les fabuleux étals de fruits des marchés polynésiens |
Les bras chargés
de victuailles, de fleurs et de cadeaux, la foule endimanchée se presse :
aujourd’hui, le marché fermera ses portes à huit heures afin que chacun,
chaland comme marchand, ait le temps de se préparer pour aller à la messe que
nul ne saurait manquer. La fête viendra après…
La ferveur de la foi…
En Polynésie
française, la religion (quelle qu’elle soit) joue un rôle fondamental. Le culte
du dimanche est un événement qui impose une tenue de fête. Nul doute que le
temple Paofai, sur le front de mer, est l’endroit idéal pour assister à un
office chanté de toute beauté.
Propre comme un sou neuf, le temple Paofai attend les fidèles |
Discrètement installé à la tribune, on surplombe
une nef bondée. A gauche, les costumes gris ou noirs des hommes, têtes nues. A
droite, les robes blanches ou fleuries des femmes, têtes ornées de chapeaux
somptueux… Pasteurs et diacres officient essentiellement en tahitien, mais qu’à
cela ne tienne : la ferveur est palpable et les nombreux chants sublimes. Et même
si l’on peut regretter la présence d’un piano électrique et d’une boîte à
rythmes amplifiés, les voix comme les mélodies, polynésiennes jusqu’à la
moindre note, font vibrer l’air autant que les cœurs.
Et les incroyables chapeaux des mama chantantes ! |
…et la douceur de vivre !
Après la
cérémonie, et une fois sacrifié au long rituel des mondanités, chaque famille
se dirige maintenant vers le lieu des agapes dominicales. L’essentiel a été
préparé la veille ou acheté tout prêt au marché ce matin. Le tamara du dimanche
occupera le reste de la journée, que ce soit en famille ou avec des amis, à la
maison ou au bord du lagon, voire sur un motu familial… Manger, rire, chanter,
danser… C’est peut-être bien dans ces dimanches enchantés que le peuple
Polynésien montre le mieux son vrai visage. A aucun moment, l’énorme travail
que nécessite le bien-être d’une telle assemblée ne se voit : seuls la joie de
vivre et le bonheur d’être ensemble ont droit de cité.
Je me dois de
vous faire un aveu ; c’est en vivant pour la première fois une telle journée
que j’ai réalisé avoir trouvé le paradis polynésien. Il ne réside ni dans les
plages ni les lagons : ce sont les gens qui rendent ce pays merveilleux.
Lexique
:
mahi-mahi :
dorade coryphène
kaina : local
et populaire
mama : terme
affectueux pour désigner les mères de familles
tamara :
grand repas de fête
motu : ilet
faisant partie de la barrière de corail
1 commentaire:
Nous nous devons de te faire un aveu...c'est en découvrant la Polynésie au travers de tes articles que nous vient l'amour de ce pays et des gens qui le peuple ..au delà du bleu infini des lagons a couper le souffle.
Patychat
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